Comprendre les mécanismes de l’évolution linguistique est l’une des grandes problématiques de la linguistique contemporaine. Les données fournies par les adverbes en latin permettent d’éclairer ce domaine : elles sont étudiées ici d’un point de vue lexical, morpho-syntaxique et sémantique, avec une attention toute particulière accordée aux processus de grammaticalisation. Ainsi aborde-t-on l’origine indo-européenne des adverbes (P. Ramât), les convergences et divergences entre le latin et les autres langues de l’Italie ancienne (P. Poccetti), les relations entre lexicalisation et grammaticalisation (M. Fruyt), les phénomènes morphosyntaxiques et sémantiques de “l’adverbialisation”, création de nouveaux adverbes par trans-catégorisation à partir d’un adjectif (A. Christol), d’un substantif (C. Brunet) ou d’une séquence soudée (C. Bodelot : « proposition + interrogatif »). L’évolution des adverbes est étudiée au travers d’un texte tardif célèbre (O. Alvarez-Huerta à propos d’Égérie, Itinerarium). Les “chemins” de l’évolution sémantique sont aussi illustrés par des adverbes latins (C. Moussy : associés à iungo « joindre », D. Conso : fere et ferme). La reconnaissance d’une même unité lexicale face à ses variations est étudiée en diachronie et synchronie (M. Lasagna). Les suffixes adverbiaux, résultant souvent du figement d’une désinence nominale, peuvent acquérir une productivité entraînant des évolutions morpho-sémantiques (-tim : M. Crampon et D. Molinari), sensibles aussi en latin tardif dans la traduction d’un texte grec (-ter, -tim, -tus par F. Foubert).
M. Fruyt et S. Van Laer (dir.), Adverbes et évolution linguistique en latin, Paris, L’Harmattan, Collection « Kubaba », 2008, 252 p.