Comment les Romains se sont-ils remémoré les guerres qu’ils ont menées dans la péninsule Ibérique ? Quelles figures historiques, quels faits, jugeaient-ils dignes d’être transmis à la postérité, et pourquoi ? Leurs représentations ont-elles évolué au fil du temps ? À quel rythme et pour répondre à quels enjeux ? La conquête du territoire que les Romains nomment Hispanie est un processus discontinu et complexe. Loin de l’image convenue de la supériorité écrasante des puissantes légions de la République, les Romains ont dû, pendant deux cents ans (218-16 a.C.), affronter les Carthaginois puis les peuples indigènes au cours de guerres dont certaines furent mises au nombre des plus pénibles de l’histoire de l’Vrbs. Peu à peu, au gré des récits diffusés par les témoins des faits, généraux et soldats, puis repris et transformés par les orateurs, les historiens et les moralistes, s’est imposée l’image de guerres sanglantes menées contre un ennemi indomptable. Pourtant, l’idée que Rome était destinée dès ses origines à la domination universelle, n’a, dans le même temps, jamais cessé de se renforcer, et les différents épisodes des guerres hispaniques ont été envisagés dans un cadre téléologique, comme autant d’étapes aboutissant à l’inévitable victoire finale. Ainsi, la mémoire culturelle des guerres de Rome dans la péninsule Ibérique a une histoire. Ce livre l’explore selon une triple perspective sociale, historique et littéraire à travers l’analyse de la documentation littéraire, épigraphique, iconographique et numismatique conservée.
How did the Romans remember the wars fought in the Iberian Peninsula ? What historical figures and events did they consider worth handing down to posterity, and why ? Did their representations change over time ? At what pace and in response to what issues ? The conquest of the territory the Romans called Hispania was a discontinuous and complex process. Far from the conventional image of the overwhelming superiority of the Republic’s powerful legions, for two hundred years (218–16 BC) the Romans had to contend with the Carthaginians and then the indigenous peoples in wars, some of which were among the most gruelling in the history of the Vrbs. Little by little, as the stories told by eyewitnesses, generals and soldiers, were retold and transformed by orators, historians and moralists, the image of bloody wars waged against an indomitable enemy began to take hold. At the same time, however, the idea that Rome was destined for universal domination never ceased to grow stronger, and the various episodes of the Hispanic wars were seen within a teleological framework as so many stages leading to the inevitable final victory. The cultural memory of Rome’s wars in the Iberian Peninsula has a history. This book explores it from three perspectives : social, historical and literary, through an analysis of the literary, epigraphic, iconographic and numismatic records that have survived.
Simon Cahanier, J’ai combattu en Hispanie. La mémoire culturelle des guerres de Rome dans la péninsule Ibérique (fin du IIIe siècle av. J.-C.-début du Ve siècle ap. J.-C., coll. « Scripta Antiqua / Polemica », Bordeaux, Ausonius Éditions, 2024.
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