Genre faussement désuet, la poésie épique, loin de consister seulement en un poème célébrant les exploits d’un héros, apparaît comme un genre polysémique, échappant à toute réduction idéologique de type nationaliste, donnant accès à une subtile représentation de soi dans ses rapports à l’Autre, renaissant sans cesse hors de ses frontières génériques. Dans ses formes stylistiques, liées à l’oralité ou au passage à l’écrit, populaires ou savantes, ou dans ses effets de sens (le « travail » épique, la « poétique de la fixité », la représentation du monde), sa modernité, historique ou théorique, est incontestable.
L’ouvrage se propose d’explorer diverses formes modernes de la poésie épique selon un axe qui suit la Route de la Soie (d’Europe en Extrême-Orient, en passant par l’épopée arabe et persane). En émerge l’hypothèse de l’épopée comme genre universel, ou reposant du moins sur un « fondement anthropologique » commun.
Cette synthèse comparatiste, fruit du travail de chercheurs de différentes nationalités, spécialistes de littératures, de langues, d’histoire de l’art, ou de musicologie, renouvelle l’approche du genre grâce à l’ampleur des domaines linguistiques et culturels mis en relation, et à l’originalité des outils d’analyse proposés.
Judith Labarthe (dir.), Formes modernes de la poésie épique, Berne, Peter Lang, coll. « nouvelle poétique comparatiste », 2004, 478 p.