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Rimbaud : Poésies, Une saison en enfer

lundi 7 décembre 2009, par Georges Kliebenstein

On a fait toute une histoire, tout un mythe du « silence » rimbaldien. Gracq, de son côté, ne voyait pas là de quoi s’étonner, et rappelait que rien n’empêche un poète de « changer de job ». Rimbaud a eu, de fait, le fantasme d’avoir un « fils ingénieur ». Mais il n’y a là, finalement, aucune solution de continuité. Rimbaud l’assoiffé-affamé de sciences, le « philomathe », pour le dire à la manière de Verlaine, Rimbaud-le-poète a (aura) toujours été ingénieur, « ingénieux » (comme on dit d’Ulysse), ou tout simplement un « génie » – parce qu’il a su affronter, avec la barbarie ou la sauvagerie qu’il faut, le « génie » de la langue.

Les approches tentées ici s’efforcent, vaille que vaille, de rendre justice à la poétique de la « pansémie » (« littéralement et dans tous les sens »). Il est, certes, toujours possible d’occulter le désir de totalisation du sens, et d’accuser ceux qui le prennent au sérieux de tomber dans le « délire de surinterprétation ». Mais une « raisonnable ( ?) sous-interprétation » ne vaut guère mieux. Comme l’a rappelé naguère Roland Barthes, la timidité d’une hypothèse n’est pas un gage de validité.

L’univers rimbaldien se veut sauvagement syncrétique. Il se nourrit des tensions brutales qu’il entretient, dia-boliquement, sym-boliquement, entre la mystique et le zutique, le sublime et le blasphème, comme entre la « charité » (chrétienne) et l’« Eucharis » (païenne), l’ancien rite de la communion et la violence nouvelle de la Commune – l’absolument moderne et le secrètement ancien (le totalement « antique »). Pierre Michon voit, justement, dans la poésie de Rimbaud une œuvre « à poings fermés », mais c’est aussi une œuvre à paume ouverte : « Je suis jeune, tendez-moi la main ».

Steve Murphy, Georges Kliebenstein, Rimbaud. Poésies, Une saison en enfer, Neuilly, Atlande, coll. « Clefs Concours », 2009




À propos de l'auteur

Georges Kliebenstein

Membre du laboratoire à la retraite. Maître de Conférences en Langue et littérature françaises

Rhétorique, Stylistique, Herméneutique, principalement, mais non exclusivement sur le XIXe siècle (prose et poésie). Recherches sur les « courants critiques »

Courrier électronique : Georges Kliebenstein


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