Fin 2017 est paru le cahier n° 3, consacré à la réception de l’œuvre de Segalen en Chine, édité par Huang Bei et Philippe Postel. Il s’articule tout d’abord en trois temps. Les quatre premiers articles abordent l’œuvre de Segalen par le voyage à la fois réel et imaginaire (Huang Bei et Sun Min) ; pour conduire leur analyse du voyage segalénien, certains auteurs s’appuient sur des motifs complémentaires : le fleuve et la terre (Shao Nan), ou bien le puits et le paysage (Xi Huang). Les trois contributions suivantes explorent la notion du sujet : exaltation d’un moi héroïque qui s’accompagne d’une mise en scène redoublée du Divers à travers l’évocation des peuples nomades, représentant le Divers du Divers qu’est la Chine (Su Xian), évocation d’un moi tragique qui échoue à s’accomplir (Claire Shen Hsiu-chen), redéfinition du moi, comme un nouveau cogito : « je vois l’objet exotique, et je ne suis peut-être pas » (Feng Dong). Dans un troisième mouvement, le Divers segalénien est mis en relation avec trois notions, l’une héritée de la tradition philosophique occidentale, l’Être (Lu Dong), les deux autres empruntées la première, l’élégance antique, à Wang Guowei, intellectuel chinois du début du XXe siècle (Fen Lei), la seconde, fournie par l’auteur de l’article (Ye Jun), le déplacement-changement. Un quatrième temps entend célèbrer le centenaire de la publication de Stèles (2012) : il s’agit d’un article retraçant la généalogie du projet bibliophilique et stylistique de Stèles (Qin Haiying), suivi de sept commentaires personnels de stèles particulières. Enfin, nous proposons des échos poétiques et artistiques à l’œuvre de Victor Segalen : deux poèmes publiés en chinois et en français, « Stèle d’aucun nom » (Shu Cai) et quelques extraits du long poème « Lettres de Chine de Segalen » (Pang Pei), ainsi que quatre séries de propositions plastiques, dans les domaines de la calligraphie (Yang Xiaojian et Catherine Denis) et de la peinture (Ye Xin et Benoît Vermander).
Segalen parle aux Chinois aujourd’hui car il a mis en scène et pensé l’inquiétude d’un sujet exposé au Divers tant du Dehors que du Dedans, et indiqué une méthode, au sens d’un chemin qui, comme le formule un des contributeurs, transforme l’angoisse de l’expérience de l’altérité en jouissance au contact du Divers.
HUANG Bei est professeure de littératures comparées à l’Université Fudan (Shanghai). Elle a traduit en chinois, entre autres, Peintures et Essai sur l’exotisme de Victor Segalen ainsi que Pensées simples de Gérard Macé. Elle a publié Segalen et Claudel. Un dialogue à travers la peinture extrême-orientale (Presses universitaires de Rennes, 2007) et édité l’ouvrage collectif Segalen et la Chine, le centenaire : de l’empire de Chine à l’empire de soi (Huadong shifan daxue chubanshe, 2014).
Philippe POSTEL est maître de conférences en littératures comparées à l’Université de Nantes. Il a publié Segalen et le monument chinois (Champion, 2001) ainsi que l’édition critique de Chine. La Grande statuaire (Champion, 2011). Il prépare l’édition de Stèles et Odes dans le cadre de la publication des Œuvres complètes de Segalen, qu’il dirige chez Champion.
Les Cahiers Victor Segalen sont publiés tous les deux ans.
Les propositions d’articles et les demandes de comptes rendus sont à envoyer à l’Association Victor-Segalen :
association.segalen@gmail.com
c/o Colette Camelin
18 rue Blondel
51100 Reims.