RELIEF – Revue électronique de littérature française publie un numéro consacré au phénomène de Littérarisation des patrimoines. Ce dossier prend la suite des réflexions initiées dans Patrimonialisations de la littérature (Culture & Musées, 2021) et au sein du groupe de recherche PatrimoniaLitté (en particulier la saison 2021-2022, dont il reprend certaines conférences).
Résumé du dossier
Instituée en patrimoine national en France dès le XIXe siècle, la littérature s’est vu conférer, de ce fait, la capacité de patrimonialiser à son tour d’autres objets. Elle est à ce titre souvent mobilisée pour la légitimation et la mise en valeur d’œuvres, de lieux, de discours, de pratiques ou de personnes. Citations, figurations, évocations : les œuvres littéraires circulent ainsi en dehors du champ dont elles sont issues en portant avec elles des valeurs, des imaginaires et des connotations réinvestis dans les objets qui les actualisent. C’est en général sur leur capital symbolique, plutôt que sur leur fonction critique, que reposent les opérations de sélection, mais aussi de conservation, de médiation ou de transmission qui concourent à ce processus de patrimonialisation. Comment comprendre cependant les transferts de valeurs fondant ces échanges lorsque la littérature est mobilisée pour la défense d’objets relevant d’un patrimoine constitué ou en constitution, et donc d’une économie des singularités ? Au-delà des dynamiques de légitimation, ce dossier vise à explorer les implications économiques, émotionnelles, communicationnelles et politiques d’une mobilisation de la littérature dans l’espace du livre d’art, du musée, du monument ou du parc naturel. Il s’agit d’analyser l’articulation ou le continuum des relations d’exposition, de valorisation et d’instrumentalisation entre littérature et patrimoines, en se demandant s’il est possible d’en repérer des caractéristiques structurelles. Le dossier envisage ainsi la façon dont ces mobilisations redéfinissent les fonctions de la littérature et contribuent in fine à l’inflation patrimoniale, notamment par le développement d’un tourisme littéraire aux multiples facettes, qui se décline aussi bien dans les expositions et leurs catalogues qu’autour des monuments nationaux, dans les hôtels de luxe ou les randonnées culturelles.
Table des matières
Éditorial
- Mathilde LABBÉ & Marcela SCIBIORSKA, Une pierre à l’édifice ? La littérature mise au service des patrimoines consulter
Articles
- Marie-Charlotte QUIN, La collection « Les artistes du livre » de l’éditeur Henry Babou (1928-1933) consulter
- Laurence LE GUEN, Patrimoine photographique et littérature jeunesse : illustration ou médiation ? consulter
- Chiara ZAMPIERI, La littérature au service de la RMN –Grand Palais : La collection éditoriale « Cartels » consulter
- Marie-Clémence RÉGNIER & Delphine SAURIER, « Et précisément l’hôtel où j’avais rendez-vous » : figurations hôtelières de Marcel Proust et de son œuvre en chambre consulter
- Alice KERSTEN, La « poétique du port d’attache » : un outil de patrimonialisation de la « marque Rimbaud » à Charlesville-Mézières consulter
- Anabelle MACHOU, Les jardins du château de Versailles comme motif poétique : continuité et renouveau d’un outil de patrimonialisation consulter
- Marion BRUN, La littérature en marche pour une préservation des paysages : les randonnées Jean Giono et Marcel Pagnol consulter
Essais
- Guy SAEZ, Les ambiguïtés de la patrimonialisation littéraire. Entre paysage, art et écologie consulter
- Maria Luisa MURA, Recherche-action et promotion écocentrée : expériences de refondation mémorielle et de construction territoriale à partir d’une écriture située consulter
Bibliographie
- Mathilde LABBÉ & Marcela SCIBIORSKA, Bibliographie indicative consulter
Compte rendu
- Annelies SCHULTE NORDHOLT, Compte rendu de Maxime Decout, Faire trace. Les écritures de la Shoah et Maxime Decout & Yona Hanhart-Marmor (dir.), « Enquêter sur la Shoah aujourd’hui » consulter