Lamiel est la dernière grande fiction de Stendhal, laissée en plan (s) par la mort de l’auteur en 1842. Lamiel, dont l’intrigue se déroule dans les dernières années de la Restauration et le début de la monarchie de Juillet, est aujourd’hui encore un roman très méconnu, et pour des raisons qui ne tiennent pas seulement à son inachèvement. C’est à une réévaluation de cette oeuvre déconcertante que s’attache la présente étude. Beaucoup moins réaliste que Le Rouge et le Noir, Lamiel, rétrospective “chronique” des temps assez peu historique, conte la destinée d’une héroïne qui monte de Normandie à Paris, sans daigner écouter les innombrables sermonneurs qui lui veulent du bien. Tôt affranchie par le singulier et lucide docteur Sansfin, amorale, avant tout respectueuse de sa sacro-sainte liberté - « Ne suis-je pas maîtresse de moi ? » est la phrase qui résume son credo existentiel et éthique -, Lamiel emprunte des chemins non balisés, fait scandale parce qu’elle trace sa propre route. De là à faire de cette rebelle une féministe avant l’heure, il n’y avait qu’un pas, souvent allègrement franchi. A tort ou à raison ? Les réponses sont dans le(s) texte(s). Obstinément attaché à la lettre, s’interdisant soigneusement toute “textrapolation” inspirée, se gardant de toute dérive historique, thématique ou symbolique, dans un langage délibérément simple, Stendhal littéral, Lamiel se veut une (re)lecture précise, rigoureuse, contrôlable, de l’ultime grand roman de Stendhal.
Stendhal littéral : Lamiel, Grenoble, Ellug, Coll. « Bibliothèque stendhalienne », 2009.