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Fabriques de patrimoines littéraires

Extensions des collections de monographies illustrées de poche

13 au 15 décembre 2018 – KU Leuven

samedi 15 décembre 2018, par Mathilde Labbé

Les années 1940 et 1950 sont un moment de profondes mutations dans le champ éditorial français. Dans un contexte marqué par une volonté de démocratisation de l’accès à la culture, l’adoption d’un nouveau format, porteur à la fois d’une évolution technique et d’une révolution des usages et des publics, apparaît comme le vecteur de tous les possibles. Le livre de poche, bien qu’il ne soit pas à proprement parler apparu en 1935 avec la maison Penguin Books, devient un format incontournable dans tous les secteurs de l’édition.

C’est à ce moment que les collections de monographies consacrées aux écrivains, modèle éditorial datant du XIXe siècle, prennent véritablement leur essor du fait de l’introduction d’une importante iconographie et de l’établissement d’un modèle économique à succès. L’inventeur de ce modèle innovant, Pierre Seghers, met sur le marché, en 1944, avec « Poètes d’aujourd’hui », une collection qui devient à la fois le moteur de sa maison d’édition et une formule en vogue combinant essai critique et biographique, anthologie et iconographie. D’autres maisons d’édition récupéreront et adapteront cette formule, à commencer par les Éditions du Seuil, avec la collection « Écrivains de toujours » ou encore, en conférant une place plus centrale encore à l’iconographie, les « Albums de la Pléiade » de Gallimard. Ce modèle critique fera florès durant une quarantaine d’années, avant de progressivement disparaître du paysage éditorial francophone. Ce n’est qu’autour des années 1980 que les collections de Seghers et du Seuil voient leurs ventes ralentir, au moment où un nouveau modèle, à la fois plus coûteux et plus proche de l’ouvrage pédagogique que de l’essai critique, entre sur le marché, avec en particulier, en 1985 les « Découvertes Gallimard », véritable outil de vulgarisation destiné au grand public, qui conserve des Albums Pléiade le prestige du papier glacé et de l’illustration couleur.

Ce colloque a pour objectif de se pencher sur l’histoire de ce modèle critique depuis le XIXe siècle ainsi que sur les diverses mutations processus de transferts et d’imitation de dont il a pu faire l’objet, non seulement en France, mais aussi à l’étranger, ainsi que dans d’autres domaines combinant diffusion du savoir (artistique, scientifique, musical…) à l’intention d’un large public et fabrique du patrimoine culturel.

Ce colloque constitue la rencontre de clôture du projet de recherche « La Fabrique du patrimoine littéraire. Les collections de monographies illustrées de poche en France (1944-2014) ». Il a pour finalité la publication d’un ouvrage de référence sur le sujet. Son programme a été expressément élaboré en fonction de cette finalité. Dans cette perspective, le colloque sera l’occasion de mettre en discussion les différentes études ponctuelles destinées à constituer un ensemble à la fois cohérent et aussi complet que possible. De façon à tirer parti des acquis de la recherche menée à bien, l’ensemble des travaux (publiés ou non) préalablement réalisés dans le cadre de ce projet collectif seront mis à la disposition des participants.

Il est organisé par Mathilde Labbé, David Martens & Marcela Scibiorska

PROGRAMME

  • Jeudi 13 décembre 2018

9h30 – Accueil des participants
10h – Mathilde Labbé, David Martens et Marcela Scibiorska – Introduction

Généalogies

Les collections illustrées consacrées aux écrivains et combinant introduction et extraits d’œuvres apparaissent dès la seconde moitié du XIXe siècle. Quelles sont leurs formes et leurs finalités au sein du catalogue des maisons d’édition qui les promeuvent ? Quelles conceptions de la littérature et de la figure de l’écrivain véhiculent-elles ?

11h – Jean-Yves Mollier (Université Versailles Saint-Quentin) : L’écrivain illustré ou de l’œuvre à l’homme, la starisation dans les collections littéraires de la première moitié du XXe siècle

Positions

Dès les années 1960, le besoin se fait sentir, au sein même des éditions Seghers, de diversifier la collection en la subdivisant (de « Poètes d’aujourd’hui » vont naître « Poètes et chansons », « Ecrivains d’hier et d’aujourd’hui », mais aussi « Cinéma d’aujourd’hui »). Cette galaxie de collections fait des émules au Seuil, qui ont commencé par copier la collection mère pour en faire « Ecrivains de toujours ». Cette première collection est rapidement suivie par une collection de collections intitulée « Microcosmes », et qui regroupe, outre « Écrivains de toujours », « Solfèges », « Maîtres spirituels », « Petite planète », etc.

14h – Hervé Serry (CNRS - Université Paris 8) : L’organisation des collections aux éditions du Seuil. Les tensions d’une stratégie d’entreprise
15h – Marie Gaboriaud (Università degli studi di Genova) : La collection « Solfèges » (1956-1980) : quel panthéon musical pour la France d’après-guerre ?
Pause
16h15 – Marcela Scibiorska (Université de Lausanne) : Les Albums au sein de « la Pléiade » : une patrimonialisation en deux temps

  • Vendredi 14 décembre 2018

Migrations

Dans d’autres pays francophones, spécialement désireux, en raison de leur situation périphérique, de façonner pour leur compte leur patrimoine littéraire et culturel, les collections françaises fournissent des modèles qui sont repris et adaptés. Quels sont les principes issus des modèles qui sont conservés ? Quelles sont les éventuelles innovations apportées ? Il convient de remarquer également le travail d’expansion internationale réalisé par une maison comme les Éditions du Seuil : les archives témoignent d’une politique active de revente des ouvrages à des collections étrangères, qui puisent parfois dans ce catalogue des monographies sur des auteurs de leur propre langue.

9h – David Martens (KU Leuven – MDRN) : La collection « Documents iconographiques » de Pierre Cailler. Un patrimoine littéraire en image
10h – Christine Rivalan Guégo (Université Rennes 2) : Une collection à succès de monographies d’écrivains ? Un défi pour l’édition en Espagne
Pause
11h15 – Carmen Van den Bergh (Universiteit Leiden & KU Leuven – MDRN) : Italian writers monumentalized in editorial collections and series : a crossed look on the Castori and the Meridiani

Orientations

Au sein d’une même collection, certaines orientations ne laissent pas de se dégager, qui témoignent de la diversité des inclinations des éditeurs. Quelle est la place des autrices dans ces séries, celle de certains groupes ou mouvements (romantisme, surréalisme, nouveau roman), des écrivains francophones (et de certaines catégories d’entre ceux) ?

14h – Mathilde Labbé (Université de Nantes) : L’École de Rochefort chez Seghers : une patrimonialisation collective ?
15h – Claire Ducournau (Université Paul-Valéry Montpellier) : Césaire et Senghor « poètes d’aujourd’hui » chez Seghers : la Négritude en sa patrimonialisation
Pause
16h15 – Claire Lozier (University of Leeds) : Le « poète d’aujourd’hui » et le dramaturge « de tous les temps ». Jean Genet chez Seghers
17h15 – Marianne Di Benedetto (Université Rennes II) : Du décloisonnement à la diffraction d’une collection : entrée de la chanson dans « Poètes d’aujourd’hui »

  • Samedi 15 décembre 2018

Extensions

Ces collections se développent durant une phase de l’histoire culturelle marquée par la démocratisation et la diversification des supports et des médiums. Ceci explique que certains éditeurs construisent leurs collections dans une relation étroite avec d’autres médiums, qu’il s’agisse de s’intéresser à d’autres types de créations que la littérature, par exemple le Septième art (collection « Cinéma d’aujourd’hui » chez Seghers), de proposer des disques ou des cassettes ou d’intégrer au sein des volumes des textes issus d’entretiens.

9h – David Gullentops (Vrije Universiteit Brussel) : Jean Cocteau dans « Poètes d’aujourd’hui »
10h – Pierre-Marie Héron (Université de Montpellier) : La collaboration de l’INA à la collection « Qui êtes-vous ? » (La Manufacture)
Pause
11h15 – Selina Follonier (Université de Lausanne) : La collection de monographies audiovisuelles Un siècle d’écrivains : patrimoine littéraire et télévision
12h15 – Discussion conclusive avec Olivier Bessard-Banquy




À propos :

Mathilde Labbé

Maîtresse de conférences en Littérature française
Poésie française XIXe-XXe siècles, sociologie de la littérature, en particulier réception & patrimonialisation des œuvres, constitution du canon littéraire

Voir en ligne : https://univ-nantes.academia.edu/Ma...

Courrier électronique : Mathilde Labbé


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