Sans être obligatoirement des maniaques de la décapitation,
les Romains ne reculaient guère devant les manifestations
spectaculaires de cruauté. Les crimes faisaient même partie
intégrante de l’imaginaire latin, et les historiens de Rome ne se
sont pas fait faute de raconter dans le détail ceux qu’ils
pensaient assez exemplaires pour édifier leur lecteur, ou lui
inspirer une terreur salutaire. A s’en tenir, comme le fait ici
Jean-Yves Boriaud, aux écrivains qui, comme Tite-Live,
travaillèrent, sous Auguste, à donner un sens à la première
histoire de Rome, ou encore aux historiens « militants » qui, à la
fin du Ier siècle et au début du IIe, à l’instar de Tacite ou
Suétone, ont porté un regard critique sur la première dynastie
impériale, celle des Julio-Claudiens, ou, enfin, aux moralistes
qui, à la même époque, comme Plutarque, ont mis en regard
les grandes figures des mondes grec et latin dans un empire
désormais biculturel, on pourra se faire une idée de la place
que tenait le fantasme criminel dans la pensée politique du
Romain cultivé.
J.-Y. Boriaud, Crimes à l’antique, Arléa, 2012, 125 p., ISBN-13 : 978-2869599840