Quand le théâtre contemporain parle de la crise du personnage, de sa déconstruction, il n’est pas inutile de se pencher sur sa constitution à travers l’exemple fondateur de la tragédie grecque, pour y interroger la prétendue unicité du personnage. C’est l’objet du livre de Lucie Thévenet. Il met au jour la tension qui, chez Eschyle, Sophocle et Euripide, se crée entre les différents éléments du mythe et le passage à la scène, puis, de pièce en pièce, dans les parcours que dessinent les réemplois des mêmes personnages mythologiques et les échos de leurs trajectoires. Dans le labyrinthe du moi, un fil directeur : lire les passages dans lesquels le personnage énonce sa propre identité, avec l’idée que la parole sur l’identité personnelle, affirmée ou niée selon le type de scène, renseigne sur la construction du personnage, dans son trajet du mythe au théâtre, jusque dans l’élaboration de sa dimension tragique même.
Lucie Thévenet, Le Personnage, du mythe au théâtre. La question de l’identité dans la tragédie grecque. Paris, Les Belles Lettres, coll. « Vérité des Mythes », 2009, 268 p.
[compte-rendu : Bryn Mawr Classical Review 2010.06.23]