Ce cycle de conférences abordera la question de la simplicité comme forme artistique mais aussi comme valeur, connotée soit positivement (la simplicité peut être considérée comme éthiquement bonne, car elle suppose l’absence de duplicité), soit négativement (la simplicité peut signifier au contraire simplification et appauvrissement).
De fait, le développement des sciences et des techniques, la complexification des structures sociales, des circuits économiques, des enjeux de pouvoir, tout semble éloigner toujours davantage l’homo economicus de la simplicité. Dans son sens premier, la simplicité est ce qui est un, ce qui ne comporte pas plusieurs plis, ce qui n’est pas double ou pluriel sur le plan physique, ou encore ce qui ne présente pas de duplicité sur le plan moral. L’idéal de simplicité ne serait-il pas, alors, seulement une utopie, ou pire, une illusion ? utopie ou illusion qui, pourtant, n’a cessé d’apparaître comme un véritable enjeu culturel, comme un horizon éthique et esthétique à préserver et à repenser, corrélé, selon les époques et leurs problématiques propres, aux notions de clarté intellectuelle, de vérité, d’absence d’artifice, de retenue et de sobriété. Depuis les premiers effets de la révolution industrielle jusqu’à aujourd’hui, la notion intervient, de fait, dans les polémiques et les conflits politiques engendrés par des visions fortement polarisées autour des questions de croissance et de décroissance, de productivisme et de sobriété.
En art (littérature, architecture, sculpture, danse, arts graphiques, musique…), la notion de simplicité est associée à celles de primitivité, de naïveté, de naturel, de stylisation, d’épure, d’abstraction, de minimalisme, de non-art. En littérature, s’invitent dans le débat les questions de rhétorique (qu’est-ce qu’un style simple, et quels sont les buts qu’il recherche ?), de genres littéraires (le conte, le récit bref, la littérature de jeunesse, la poésie, le roman populaire…), mais aussi d’altérité culturelle (les cultures orientales et extrêmes orientales, indiennes, africaines, autochtones ont-elles le même rapport à la notion de simplicité que les cultures occidentales ?). L’idéal de simplicité pourra également être pensé, indépendamment des questions de formes, comme le fruit de parcours complexes aboutissant à des choix de vie (sobriété, rusticité, retrait du monde) incarnés par des personnages fictionnels ou par des figures artistiques finalement eux aussi plus complexes qu’ils n’en ont l’air (le « peuple », les « simples », les « innocents », les « idiots »). La simplicité sera ainsi interrogée à travers des formes qui mesurent ces tensions entre la complexité du monde et le désir d’un rapport plus immédiat, plus simple (plus facile ?) avec les choses et les êtres.
Mardi 11 juin 2024
Séance consacrée au réalisateur Martin Villeneuve avec une conférence de Corentin Le Corre sur le cinéma de Martin Villeneuve, suivie d’un dialogue avec l’artiste.
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Séminaire sous la direction de Cécile Mahiou, Dominique Peyrache-Leborgne, Chantal Pierre et Philippe Postel
Lieu : Nantes Université, UFR Lettres et Langages, Campus Tertre, Salle 104 du Château ou bâtiment Censive, salle C 248, de 17 h à 19h
Le lien zoom pour participer à la visio-conférence sera envoyé à tous les contributeurs du projet, ainsi que sur les listes de diffusion des doctorants de l’ED ALL-Pays de Loire, des étudiants du Master ALC de Nantes Université, des enseignants de l’UFR Lettres et Langages et des membres de LAMO.