Au cours des dernières décennies, l’intérêt des spécialistes de l’Antiquité gréco-romaine s’est accru pour les périodes impériale et tardive, qui sont maintenant à l’honneur dans des manifestations scientifiques et des projets éditoriaux à l’échelle internationale : notamment sous l’impulsion de l’école anglo-saxonne (A.H.M. Jones, P. Brown, A. Cameron, R. MacMullen, Av. Cameron), mais aussi française (H.-I. Marrou, C. Pietri, A. Chastagnol, C. Lepelley, P. Veyne), allemande (J. Straub, A. Alföldi, K.-M. Girardet, A. Demandt) et italienne (S. Mazzarino, A. Giardina, L. Cracco Ruggini).
L’étude des historiens de langue grecque – témoins de l’évolution du pouvoir impérial et des événements qui ont affecté la vie des citoyens de l’Empire et des populations barbares – occupe une place majeure : en témoignent par exemple les récentes études publiées autour de Dion Chrysostome (E. Amato), d’Eusèbe de Césarée (S. Morlet), de Socrate et Sozomène (P. Van Nuffelen) ou de Philostorge (B. Bleckmann, D. Meyer, J.-M. Prieur).
Un domaine demeure toutefois peu exploré et ne fait pas encore l’objet d’études systématiques : celui des historiens fragmentaires de langue grecque ayant vécu entre le Ier et le VIIe siècle ap. J.-C. Pour nombre de ces historiens, tels Dexippe (G. Martin, L. Mecella), Olympiodore de Thèbes (R.C. Blockley) ou Zosime (F. Paschoud), nous disposons d’éditions ou d’études récentes. Celles-ci participent à l’avancement de nos connaissances, à la suite des recueils de fragments publiés par C. Müller et F. Jacoby et leurs continuateurs. De récentes contributions offrent en outre un matériel de travail pour l’analyse détaillée des auteurs anciens ‘collecteurs’ de fragments : ainsi Photios (J. Schamp) ou Étienne de Byzance (M. Billerbeck). Dans ce contexte de découverte ou de redécouverte des historiens grecs à l’état fragmentaire, une enquête globale et exhaustive serait utile et bienvenue.
L’examen approfondi d’un territoire encore peu exploré peut s’avérer fructueux. L’objectif de ce colloque est d’offrir aux spécialistes ainsi qu’aux jeunes chercheurs un espace de discussion, afin de dresser un état actuel de la recherche philologique et historique sur ce thème et de mettre en avant les enjeux qui en découlent pour l’avenir de la recherche. Les contributions ciblées sur les éditions de textes, tout comme sur les aspects historiques, géographiques et sociologiques seront également les bienvenues.
AXES DE RECHERCHE
Les communications retenues s’insèrent dans l’un des axes suivants :
1. Éditer un texte fragmentaire : les historiens de l’époque impériale et tardive.
Des projets éditoriaux sont actuellement menés sur les historiens fragmentaires de langue grecque, notamment sous forme de collections embrassant plusieurs périodes historiques (p. ex., FStGr : I Frammenti degli Storici Greci – Edizioni Tored).
2. La transmission des fragments ; les sources antiques.
L’établissement d’un texte fragmentaire est soumis à des règles et des contraintes spécifiques par rapport à celles de l’édition d’un texte complet. Cela est inhérent à ses modalités de transmission : un fragment de tradition directe constitue le résultat d’un ‘découpage’ qui s’avère, dans la plupart des cas, fortuit. En revanche, un extrait de tradition indirecte est toujours le résultat d’une manipulation. Parmi les différentes sources transmettant les fragments des historiens de langue grecque, il en est qui occupent une position dominante : ainsi Hésychios, Agathias le Scholastique, Étienne de Byzance, Évagre le Scholastique, Photios, la Souda, etc. Une recherche des rapports entre les historiens et les sources qu’ils mentionnent entre dans les perspectives du colloque.
3. L’histoire vue par le fragment : époque impériale, époque tardive.
L’étude de ces fragments offre souvent la possibilité d’affiner, par leurs détails, notre connaissance de cette période. Si les modalités d’édition d’un texte fragmentaire posent des problèmes qui requièrent une attention particulière, l’analyse des données historiques procurées par un auteur fragmentaire demande également une certaine rigueur méthodologique.
Les Actes du colloque seront publiés en 2016.
LE COMITÉ ORGANISATEUR
Eugenio AMATO
Professeur des Universités
Membre de l’Institut Universitaire de France,
Université de Nantes / L’AMO / CRHIA
(eugenio.amato@univ-nantes.fr)
Bertrand LANÇON
Professeur des Universités,
Université de Limoges / CRIHAM
(bertrand_lancon@orange.fr)
Pasqua DE CICCO
Doctorante en Langue et Littérature Grecques,
Université de Nantes / L’AMO
(pasqua.de-cicco@univ-nantes.fr)
Tiphaine MOREAU
Doctorante en Histoire Romaine,
Université de Limoges / CRIHAM
(tiph.moreau@orange.fr)
LE COMITE SCIENTIFIQUE
Eugenio AMATO
Université de Nantes / IUF
Marie-Rose GUELFUCCI
Université de Franche-Comté (Besançon)
Bruno BLECKMANN
Heinrich Heine Universität (Düsseldorf)
Bertrand LANÇON
Université de Limoges
Aldo CORCELLA
Università degli Studi della Basilicata (Matera)
Eugenio LANZILLOTTA
Università di Roma Tor Vergata
Virgilio COSTA
Università di Roma Tor Vergata
Dominique LENFANT
Université de Strasbourg
Valérie FROMENTIN
Université de Bordeaux Montaigne
Mischa MEIER
Eberhard Karl Universität (Tübingen)
Geoffrey GEATREX
University of Ottawa
Peter VAN NUFFELEN
Universiteit Gent