Perdre ses repères dans une pièce emplie d’un brouillard épais par A.-V. Janssens, regarder la mousse déborder lentement dans une installation de M. Blazy, grimper par un jeu d’illusion optique sur la façade du Bâtiment conçu par Leandro Erlich, voilà quelques-unes des propositions déconcertantes de l’art contemporain. Par la triple déstabilisation qu’il suscite, l’art contemporain oblige à cette conscience inquiète : déstabilisation dans la perception, déstabilisation dans la difficulté à déterminer ce qui est ou non une œuvre, voire de l’art, déstabilisation enfin dans l’impossibilité à l’évaluer. Il propose de nouvelles formes d’expérience, il oblige à réinterroger nos catégories. On voudrait en montrer les enjeux artistiques, esthétiques et philosophiques ; comme l’écrivait Merleau-Ponty (La prose du monde) : la philosophie commence « avec la conscience de ce qui ronge et fait éclater, mais aussi renouvelle et sublime nos significations acquises ».
Conférence de Marianne Massin, professeur d’esthétique et de philosophie de l’art à l’Université de Paris-Sorbonne, dans le cadre du cycle 2014-2015 de l’Académie de la Méditerranée - Chaire du Bellay.