Ce cycle de conférences abordera la question de la simplicité comme forme artistique mais aussi comme valeur, connotée soit positivement (la simplicité peut être considérée comme éthiquement bonne, car elle suppose l’absence de duplicité), soit négativement (la simplicité peut signifier au contraire simplification et appauvrissement).
De fait, le développement des sciences et des techniques, la complexification des structures sociales, des circuits économiques, des enjeux de pouvoir, tout semble éloigner toujours davantage l’homo economicus de la simplicité. Dans son sens premier, la simplicité est ce qui est un, ce qui ne comporte pas plusieurs plis, ce qui n’est pas double ou pluriel sur le plan physique, ou encore ce qui ne présente pas de duplicité sur le plan moral. L’idéal de simplicité ne serait-il pas, alors, seulement une utopie, ou pire, une illusion ? utopie ou illusion qui, pourtant, n’a cessé d’apparaître comme un véritable enjeu culturel, comme un horizon éthique et esthétique à préserver et à repenser, corrélé, selon les époques et leurs problématiques propres, aux notions de clarté intellectuelle, de vérité, d’absence d’artifice, de retenue et de sobriété. Depuis les premiers effets de la révolution industrielle jusqu’à aujourd’hui, la notion intervient, de fait, dans les polémiques et les conflits politiques engendrés par des visions fortement polarisées autour des questions de croissance et de décroissance, de productivisme et de sobriété.
En art (littérature, architecture, sculpture, danse, arts graphiques, musique…), la notion de simplicité est associée à celles de primitivité, de naïveté, de naturel, de stylisation, d’épure, d’abstraction, de minimalisme, de non-art. En littérature, s’invitent dans le débat les questions de rhétorique (qu’est-ce qu’un style simple, et quels sont les buts qu’il recherche ?), de genres littéraires (le conte, le récit bref, la littérature de jeunesse, la poésie, le roman populaire…), mais aussi d’altérité culturelle (les cultures orientales et extrêmes orientales, indiennes, africaines, autochtones ont-elles le même rapport à la notion de simplicité que les cultures occidentales ?). L’idéal de simplicité pourra également être pensé, indépendamment des questions de formes, comme le fruit de parcours complexes aboutissant à des choix de vie (sobriété, rusticité, retrait du monde) incarnés par des personnages fictionnels ou par des figures artistiques finalement eux aussi plus complexes qu’ils n’en ont l’air (le « peuple », les « simples », les « innocents », les « idiots »). La simplicité sera ainsi interrogée à travers des formes qui mesurent ces tensions entre la complexité du monde et le désir d’un rapport plus immédiat, plus simple (plus facile ?) avec les choses et les êtres.
CALENDRIER DES INTERVENTIONS
(sous réserve de modifications)
- Jeudi 10 novembre, 17h (présentiel / visio-conférence), salle C009
Dominique Peyrache-Leborgne (Nantes Université, littérature comparée) : Ouverture. « De la simplicité avec art »
François Fièvre (Tours, Histoire de l’art, laboratoire INTRU) : « Les contes et l’art de la silhouette. Formes simples »
- Mardi 6 décembre 2022, 17h, (présentiel / visio-conférence) salle C 248
Cécile Mahiou (Nantes, LAMO, littérature comparée et philosophie de l’art) : « autour du quotidien »
- Mardi 24 Janv. 2023, 17h (présentiel / visio-conférence) salle C 248 : autour des questions de genre
Quentin Cauchin (Université de Lyon, doctorant en littérature française) : « Lecture féministe de la poésie ‘faciale’ »
Romain Frezzato (prof agrégé. Docteur en litt. comparée, Legs – Paris 8) : « Queer and simple ! Sens et transparence dans la poésie de la dissidence sexuelle de Constantin Cavafis à Stéphane Bouquet »
- Mardi 28 février 2023, 17h (présentiel / visio-conférence) salle C 248 : autour de la simplicité biblique
Frédéric Rognon (Université de Strasbourg, philosophie) : « La simplicité biblique chez Kierkegaard et Lanza del Vasto »
Stéphanie Bertrand (Université de Lorraine, littérature française) : « Quelques vertus spirituelles de la simplicité. L’exemple de Charles Juliet et Christian Bobin »
- Mardi 28 Mars 2023, 17h (présentiel / visio-conférence) salle C 248 : portrait de l’artiste en homme simple
Cyrille François (Université de Lausanne, littérature comparée) : « Représentativité du simple et simplicité de la représentation : La vie d’un simple, d’Émile Guillaumin. »
Valerio Cordiner (Université de Rome, littérature française) : « Survivances du simple : le Pays vert de Pierre Bergounioux ».
- Mardi 11 avril 2023, 17h (présentiel / visio-conférence) salle C 248 : peinture et architecture au XVIIIe siècle
Etienne Jollet (Université de Paris-I, Histoire de l’art moderne) : « Simplicité et signification. A propos du Pierrot de Watteau : comprendre celui qui ne comprend pas ».
Patricia Touboul (Université de Montpellier, Philosophie) : « Retour à l’antique et éloge du gothique. La redéfinition de l’idéal de simplicité dans l’esthétique de Marc-Antoine Laugier ».
- Mardi 16 Mai 2023, 17h (présentiel / visio-conférence) salle C 248 : éloge de la simplicité et dialectique du simple et du complexe au XVIIIe siècle
Pierre Carboni (Nantes Université, CRINI, langue et littérature britanniques) : « Eloge de la simplicité dans Les Saisons de James Thomson ».
Louis Pichot (CRINI, Philosophie et littérature britanniques : « La valeur de la simplicité dans la rhétorique d’Adam Smith »
- Mardi 17 oct. 2023, 17h (Présentiel / visio-conférence) salle C 248 : autour de la question du minimalisme
Romain Feist (conservateur à la BNF) : « Sur la danse minimaliste », conférence suivie d’une performance artistique
- Mardi 14 Nov. 2023, 17h (présentiel / visio-conférence) salle C 248 : la simplicité dans le domaine des Beaux-arts : peinture, architecture
Jordana Maisian (architecture) : « l’architecte mexicain Luis Barragan et son esthétique de la simplicité : « Faire simple : Luis Barragan, une architecture du silence ».
- Mardi 12 déc. 2023, 17h (présentiel / visio-conférence) salle C 248 : domaine extra-européen, ethno-littérature ; « art naïf », « art brut », des notions à déconstruire ?
Cécile Brochard (Nantes Université, littérature comparée) : « Contes et poèmes autochtones contemporains : des poétiques de la simplicité ? » OK
Anissa Bouayed (Histoire, laboratoire CESSMA, Paris-Diderot), et Karima Yahia Ouahmed (Département de langue et lettres françaises, Université Mentouri Constantine 1) : « Baya dans la double ‟Simplicité”, ou la condition d’une démarche artistique »
- Mardi 23 Janvier 2024, 17h (présentiel / visio-conférence) salle C 248 : théories contemporaines de la simplicité
Anna Krykun (Université de Tours, Littérature française) : « Les récits français de l’après-guerre : « Rhétorique de la simplicité dans les cercles littéraires français de l’après-guerre »
Isabelle Davy : « Du simple et de l’infime chez Gabriel Orozco »
- Mardi 20 Février 2024, 17h (présentiel / visio-conférence) salle C 248 : L’approche du vivant selon l’écriture naturaliste féminine (de Mary Mary Hunter Austin à Sue Hubbell)
Anne Teulade (Université de Rennes 2, littérature comparée) : « Écrire le vivant : enjeux d’une approche humble de l’environnement ».
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Séminaire sous la direction de Cécile Mahiou, Dominique Peyrache-Leborgne, Chantal Pierre et Philippe Postel
Lieu : Nantes Université, UFR Lettres et Langages, rue de la Censive du Tertre,
bâtiment Censive, salle C 248 ou C009
Le lien zoom pour participer à la visio-conférence sera envoyé à tous les contributeurs du projet, ainsi que sur les listes de diffusion des doctorants de l’ED ALL-Pays de Loire, des étudiants du Master ALC de Nantes Université, des enseignants de l’UFR Lettres et Langages et des membres de LAMO.