Le confinement et la distanciation imposés par l’épidémie de COVID-19 ont entraîné de nouvelles formes de sociabilité, médiatisées par une utilisation accrue de l’outil numérique. Cette crise sanitaire à laquelle doit faire face le XXIe siècle nous invite reconsidérer le paradoxe d’une solitude vécue sur le mode communautaire, dans les sociétés de type holistique où le groupe prévaut sur l’individu. La création littéraire et artistique de la fin du Moyen Âge et du début du XVIe siècle rend tout particulièrement compte de ce processus de compensation généré par l’isolement, qu’il soit subi ou choisi, physique ou psychique. L’éloignement affectif, l’emprisonnement du proscrit ou la mise au tombeau sont représentés, dans la littérature et dans les arts, selon une dialectique du dedans et du dehors que se proposent d’éclairer les huit études contenues dans ce recueil. Les images retenues viennent non seulement renforcer le message délivré par les textes mais constituent aussi et surtout pour l’individu un medium essentiel lui permettant de se projeter (au dehors) et/ou de dévoiler une intériorité. Les témoignages ici convoqués, sans prétendre à l’exhaustivité, illustrent combien le sujet le plus solitaire a besoin des autres pour se sentir exister : entre ouverture et isolement.
Isolement et ouverture au monde, sous la direction d’Élisabeth Gaucher-Rémond et Ambre Vilain, Le Moyen Âge, n° 1/2022, tome CXXVIII