Pourquoi réunir dans le même programme d’agrégation trois pièces de facture et de propos apparemment si différents ? C’est que le théâtre de Musset, vivant parce que joué, s’ingénie à manier les effets de rupture.
Entre la grande comédie tragique de 1834 et l’aérien proverbe de 1845, les similitudes semblent ténues à la première lecture. Et cependant, entre ces pièces, un dimanche à la campagne et un mardi à la ville, Il ne faut jurer de rien, entre comédie de moeurs et folie dramatique, crée l’équilibre entre le tragique et le comique, le romantique et le classique. Dans les trois cas, Musset emprunte à la forme du proverbe son charme et son élégance, pour surprendre son lecteur et le dérouter, grâce à un dialogue d’orfèvre, ciselé, profond et drôle.
D’abord conçu pour la lecture, ce théâtre est un creuset de théâtralité, écrit vers la scène, fût-elle en devenir. Le présent ouvrage propose donc un parcours dans les trois pièces, en montrant tout ensemble leur proximité et leur singularité. L’accent est porté sur la question des genres, la part autobiographique de l’écriture théâtrale, et l’immixtion des registres.
Sylvain Ledda est professeur de littérature française à l’université de Nantes, spécialiste de littérature romantique et d’Alfred de Musset. Il a consacré de nombreux travaux et ouvrages à cet auteur, parmi lesquels Musset, ou le Ravissement du proverbe (PUF, 2012), L’Éventail et le dandy, Musset et l’esthétique de la fantaisie (Droz, 2012), Musset, ou les fantaisies d’un enfant du siècle (« Découvertes » Gallimard, 2010). Il a fourni l’édition des Nouvelles et des Contes (GF-Flammarion, 2010) et dirige le Théâtre complet d’Alfred de Musset (Honoré Champion).
S. Ledda, Alfred de Musset, ou le Ravissement du proverbe, Paris, PUF, Série XIXe siècle français, 2012.