Dans ce choix de lettres (1814-1859) de Tocqueville, on trouve le recueil de ses expériences aussi bien publiques qu’intimes. Pour Tocqueville, qui était très conscient de l’importance littéraire de ses lettres, une lettre, c’est un essai. À la manière de Montaigne, mais rédigé à bâtons rompus, avec des lacunes et des redites qui donnent au volume le charme d’un miroir brisé.
Avec chaque correspondant, Tocqueville met à l’épreuve ses idées et son style sans esprit de système. Il se montre ici toujours en apprentissage dans la simplicité de sa nature. On le suit durant cinquante ans, depuis les tracés hésitants de l’enfant jusqu’à l’ultime adieu du mourant ; tantôt solitaire dans les forêts américaines, tantôt ministre assis à la table des puissants, ou notable normand soucieux de fourrage et de haies. Paradoxe : ce miroir brisé fait admirablement ressortir la cohérence entre l’œuvre et la vie.
► Tocqueville. Lettres choisies. Souvenirs (1814-1859), Édition publiée sous la direction de Laurence Guellec et Françoise Mélonio, Collection Quarto, Gallimard, 2003, https://www.librairie-gallimard.com...