Il s’agit de rouvrir le procès des études médiévales, inauguré par les historiens dans les années 1970-90 : on se rappelle le titre évocateur de Régine Pernoud (Pour en finir avec le Moyen Âge, Seuil, 1977), visant à mettre fin aux erreurs, aux préjugés, et à réhabiliter une période qui, tantôt méprisée, tantôt encensée, suscite les plus grands excès interprétatifs. Aujourd’hui, la littérature et la philologie médiévales sont au cœur des questions d’actualité, non seulement dans l’élaboration des réformes de l’enseignement supérieur, mais aussi dans la réflexion des médiévistes, attentifs à soumettre le savoir devenu académique à l’épreuve de l’examen critique.
En revenant sur les critères qui ont conduit à définir un texte, un genre, un style, une période du Moyen Âge, on s’interrogera sur les engouements, les rejets et les possibles révisions méthodologiques. Y a-t-il eu des « impostures », pour reprendre l’expression de Jacques Heers (Le Moyen Âge, une imposture, Perrin, 1992) ? La littérature médiévale, au cours des lectures successives, a-t-elle donné naissance à un « salon des refusés » ou, au contraire, à un panthéon, sur lesquels revenir ou prendre position ? On soulignera ainsi la participation de la médiévistique à la renaissance infinie et protéiforme de ce que Jules Michelet appelait « l’état bizarre et monstrueux, prodigieusement artificiel, qui fut celui du Moyen Âge, n’[ayant] d’argument en sa faveur que son extrême durée » et qui n’en finit pas de cesser et de renaître (L’Agonie du Moyen Âge, 1855, Éditions Complexe, 1990, p. 31).
Avec la mise au jour d’expériences et de parcours critiques riches, mouvementés, peut-être encore inaboutis, ce colloque souhaite éclairer l’histoire de la réception des textes médiévaux, sur le mode de la micro-lecture, considérant la moyenne ou la longue durée.
Le résultat de ces réflexions sera publié aux Presses de l’Université Paris-Sorbonne, dans la collection « Cultures et civilisations médiévales ».