Composé au début du XIIIe siècle, Robert le Diable retrace le parcours exemplaire d’un héros qui, né des œuvres du diable, s’illustre d’abord par les pires atrocités puis, apprenant le secret de sa naissance, accomplit une pénitence l’obligeant à feindre la folie, la mutité et l’animalité, jusqu’à sa réhabilitation finale, permise par ses exploits guerriers, et sa mort, auréolée de sainteté. Le récit repose sur une écriture syncrétique, où l’auteur revisite les stéréotypes romanesques, féeriques, épiques et hagiographiques, dans une fiction mêlée d’allusions à l’histoire et aux débats scientifiques ou théologiques de l’époque. Si le personnage de Robert le Diable a jamais existé, comme tendent à le prouver de nombreux candidats au titre, c’est surtout dans une filiation littéraire, qui l’apparente aux plus célèbres héros des XIIe et XIIIe siècles et qui fait de lui le support de l’imaginaire collectif.
Élisabeth GAUCHER éd., Robert le Diable, publication, traduction, présentation et notes, Paris, Champion, « Champion Classiques Moyen Âge » n°17, 2006, 496 p.