Du XVIe au XIXe siècle, le viol n’est guère pris en compte par la loi, et la société comprend, minore voire excuse ce crime, quand elle ne le nie pas. En regard de cette situation de déni social, la littérature tient un discours assez différent, comme les contributions rassemblées dans ce numéro veulent le démontrer. En effet, on doit constater que ce sujet, loin d’être un tabou, apparaît relativement fréquemment en littérature, et dans des genres diversifiés : romans et nouvelles évidemment, mais aussi conte et poésie (avec la pastorale), et même théâtre (avec les tragédies qui prennent pour sujet l’antique viol de Lucrèce). Certes, le viol est souvent minoré par le point de vue de l’auteur, parfois présenté comme une « aubaine » ou comme une loi commune, il n’empêche qu’il est présent et représenté, donne lieu à intrigues et à interrogations : si longtemps le viol n’a pas été un sujet de société, il n’en était pas moins un sujet littéraire.
Sommaire
- Nathalie Grande (Université de Nantes) : « Liminaire : Viol et littérature » »
- Nathalie Grande (Université de Nantes) : « La chasteté ou la mort. Mise en récit du viol dans les récits brefs au tournant des XVIe-XVIIe siècles »
- Jean-Paul Sermain (Université Paris 3-Sorbonne nouvelle) : « L’aubaine et la réparation. Deux figurations du viol dans les nouvelles et les contes, de Cervantès à Diderot »
- Marie-Gabrielle Lallemand (Université de Caen) : « Le viol dans L’Astrée d’Honoré d’Urfé : représentation et enjeux »
- Chantal Pierre (Université de Nantes) : « Viols naturalistes : “ Commune histoire ” ou “ épouvantable aventure ” ? »
- Pierre Glaudes (Université Paris-Sorbonne) : « Le viol de Sébastien. À propos de Sébastien Roch d’Octave Mirbeau »
Viol et littérature : XVIe-XIXe, sous la coordination de Nathalie Grande
Revue Tangence, n°114, Université du Québec à Rimouski & Université du Québec à Trois-Rivières - En savoir +