Philippe Forest est notamment l’auteur aux éditions Gallimard, dans la collection Blanche, de Sarinagara, 2004, Prix Décembre, Tous les enfants sauf un, 2007, Le Nouvel Amour, 2007, et dans la collection Art et Artistes, Raymond Hains uns romans, 2004. Né en 1940 à Tokyo, Araki Nobuyoshi est désormais universellement reconnu comme l’un des tout premiers artistes du Japon contemporain, comme l’un des principaux photographes d’aujourd’hui. Le secret du succès planétaire d’Araki n’est pas bien difficile à trouver. Il tient à la formule à laquelle on réduit le plus souvent son œuvre en ne retenant d’elle que sa capacité à manufacturer de séduisantes images qui satisfont le désir un peu stéréotypé de l’Occident attendant d’un artiste japonais un certain mélange attendu d’érotisme et d’exotisme, de modernité et de tradition. Mais, lorsqu’il atteint de telles proportions, le succès n’est-il pas toujours au prix du contresens, du malentendu ? Araki a fait lui-même de sa vie une légende. Selon la formule singulière du « watakushi-shôsetsu » (le « roman du Je » japonais), son œuvre se développe à la façon d’un formidable récit personnel où la prolifération des photographies prises, tout en réfléchissant le monde dans le contexte des fantastiques mutations connues par le Japon contemporain, se rapporte à l’insistante confrontation d’un individu avec une expérience de la perte et de la possession amoureuses dont l’image, incessamment déclinée, du nu féminin devient l’emblème. Une fiction s’écrit ainsi chez l’artiste japonais. Afin d’interroger la vérité qu’elle contient, Araki enfin se donne comme la fiction de cette fiction.
Philippe Forest, Araki enfin, Paris, Gallimard, coll. « Art et artistes », 2008, 157 p.