Napoléon comparait sa vie à un roman. Il en fut le héros et l’auteur. Seul ce roman nous reste. Depuis deux siècles, il continue à s’écrire sans lui. Et avec lui se perpétue ce « songe immense mais rapide comme la nuit désordonnée qui l’avait enfanté » dont parlent les Mémoires d’OutreTombe. Chateaubriand dit de Napoléon : « Il n’a pas fait la France, la France l’a fait. » Mais peutêtre la France, au fond, Napoléon l’a-t-il faite par sa défaite autant que par ses victoires. Car, outre des institutions et des lois qui existent toujours, le vide qu’il laisse a duré plus longtemps que le monument qu’il avait édifié et dont ne nous demeurent que des vestiges et des symboles. Le soleil qui s’était levé à Austerlitz, écrit Hugo, se couche sur Waterloo. Avec le romancier des Misérables, les plus grands écrivains du passé sont venus visiter la légende obscure et éclatante sous la forme de laquelle, pour notre présent, cette histoire reste encore vivante. Philippe Forest interroge l’aventure de cet homme, et de la France qu’il a faite, au miroir littéraire de l’épopée dont il nous a légué l’impérissable souvenir.
Philippe Forest, Napoléon. La fin et le commencement, Paris Gallimard, 2020, 176 pages, ISBN : 9782072849107