La littérature du Siècle d’Or se caractérise par sa singularité et sa marginalité esthétiques : des formes originales et irréductibles au reste de la littérature européenne se sont en effet déployées en Espagne entre la fin du XVIe et la fin du XVIIe siècle.
Cette « intransitivité ibérique », selon l’éloquente formule de Daniel-Henri Pageaux, s’accompagne paradoxalement d’un important processus de réception par le reste de l’Europe. Ce sont ces reflets que cet ouvrage aborde, en tenant compte des acquis les plus récents de la recherche française et étrangère. Roman picaresque, comedia nueva, roman quichottesque, nouvelle et romance ont diffusé en Europe des formes d’écritures diverses, dont nous montrons qu’elles possèdent une cohérence cristallisée par les notions d’hybridité, de réalisme et de réflexivité.
Ce volume contribue à la mise en perspective des modèles marginaux espagnols, tant dans leur réception immédiate, qui remet en question les modèles canoniques de manière ludique ou ouvertement polémique, que dans leur diffusion plus tardive, lorsque les esthétiques hybrides et réalistes se frayent une place au premier plan de la littérature européenne. La modernité de ces écrits apparaît alors pleinement.
Anne Teulade (dir.), Reflets du siècle d’or espagnol. Modèles en marge, Nantes, Cécile Défaut, coll. « Horizons comparatistes », 2010, 256 p.