Cet ouvrage collectif est né du désir de donner une visibilité plus grande à la culture romantique non française, à travers la présentation de textes théoriques (et parfois poétiques) qui ne bénéficiaient
pas en France de traductions ou de diffusion récente. Il présente un choix ciblé de textes étrangers qu’il nous semblait nécessaire de porter à la connaissance d’un lectorat francophone soucieux de
découvrir les variantes et les spécificités nationales d’un romantisme devenu progressivement international.
Faciliter l’accès à de tels textes permettait également de mieux mesurer la richesse des échanges et des transferts culturels auxquels a donné lieu ce premier moment de la modernité. Sur ce plan, il s’avère que le romantisme peut être considéré comme la première période à avoir produit, à la faveur d’un essor sans précédent des voyages et des traductions, un début de mondialisation des idées et de libre circulation des cultures.
Cet ouvrage permettra aussi, nous l’espérons, d’appréhender toute une série d’échos entre des textes et des auteurs de nationalités différentes. C’est à travers ces résonances que peut se dessiner l’essence profonde du romantisme, son unité ontologique, par-delà sa diversité, ses tensions et ses évolutions chronologiques.
Le plan d’ensemble suit ce parcours du Nord au Sud, examine sa genèse et épouse sa chronologie en fonction des grandes aires culturelles où il s’est propagé. À travers une trentaine de textes allant de
la préface de James Thomson à Spring (1726) aux Lettres sur la littérature brésilienne (1869) d’Araripe Júnior et à De L’Influence du sentiment religieux sur l’art (1878) de Napoléon Bourassa, nous souhaitons faire mieux saisir à la fois l’étendue historique et l’impact idéologique d’un romantisme (presque) sans frontières, qui porta aussi avec lui un grand espoir de liberté politique et artistique : miroir en lequel peut encore se contempler et s’interroger l’humanité moderne.
Dominique Peyrache-Leborgne (dir.), Théories esthétiques du romantisme à l’étranger, Nantes, Cécile Defaut, coll. « Horizons comparatistes », 2014, 340 pages.