GENDER- Des études de genre en sciences humaines et sociales aux problématiques émergentes en santé et dans le numérique
Depuis leur essor dans les années 70, les études de genre ont largement participé à l’introduction des problématiques liées au genre dans le débat public et à leur intégration dans les politiques publiques européennes. Les conférences mondiales de l’ONU ont contribué à la reconnaissance des enjeux à l’échelle internationale. Cependant en France, comme le mentionne l’Institut du Genre (Groupement d’Intérêt Scientifique) “les études sur les femmes, le genre et les sexualités connaissent aujourd’hui (…) un essor remarquable, mais insuffisamment visible”. Si la majorité des recherches ont été conduites jusque-là dans les laboratoires de sciences humaines et sociales, des nouvelles questions émergent dans des disciplines qui sont au coeur du projet Next : la santé et le numérique. Dans le domaine de la santé, les facteurs liés au sexe et au genre, considérés historiquement en biologie reproductive et dans des cancers spécifiques, sont en fait aujourd’hui observés dans de très nombreuses pathologies (asthme, cancers, maladies cardiovasculaires, diabète, obésité, etc) et dans les mécanismes liés au vieillissement. Cependant, la prise en compte de ces facteurs est encore largement ignorée dans un grand nombre de recherches biomédicales. Dans le domaine du numérique, les pratiques et les recherches sont également concernées. La question “les algorithmes ont-ils un sexe ?” est loin d’être anecdotique. En apprenant sur des bases de données biaisées, des algorithmes d’intelligence artificielle perpétuent ces biais qui sont ensuite propagés dans de nombreuses applications. Les agents conversationnels reproduisent les stéréotypes de genre et les objectifs d’égalité femmes hommes sont absents d’une grande partie des logiciels de décision et de planification. Toutes ces questions, qui pour certaines ont déjà été identifiées il y a plusieurs décennies dans des travaux pionniers en histoire et en philosophie des sciences, commencent tout juste à se poser dans les laboratoires de recherche en santé et dans le numérique. Elles portent pourtant sur des enjeux sociétaux majeurs qui ne sont pas encore intégrés dans les politiques publiques.
Le cluster GENDER, qui regroupe plus de cinquante scientifiques de dix laboratoires de l’université de Nantes de disciplines différentes vise à fédérer une communauté de recherche autour de deux objectifs communs principaux : (1) renforcer la visibilité et le développement des études de genre en sciences humaines et sociales qui regroupent les disciplines fondatrices de ces études, et (2) développer de nouvelles recherches interdisciplinaires et créatives autour des problématiques émergentes en santé et dans le numérique.