La variété des figures animales proposées par les œuvres du corpus mis au programme des Agrégations de Lettres laisse la possibilité de construire des voies de traverse inattendues. Nous en prendrons une en nous intéressant ici aux figures d’animaux de spectacle, et en nous concentrant, principalement, sur le livre X des Métamorphoses, ou l’Âne d’or, qui voit Lucius devenir un compagnon divertissant au service de Thiasus, avant d’être promis au cirque ; sur l’épisode du tambour dans la vie de Berganza, plus loin enrôlé dans une troupe de théâtre ; et sur l’activité spectaculaire du singe de Kafka, Rotpeter, autant par son emploi au music-hall que par l’énonciation même du « Rapport », donné comme une performance académique.
Il y a là de quoi tirer un exemple de comparaison précise entre les œuvres, mais aussi de quoi réfléchir plus largement sur le statut de l’animal dans nos récits, puisque représenter l’animal, c’est d’une certaine façon le donner en spectacle littéraire. L’enjeu métatextuel des scènes que nous commenterons, souvent situées à un point clef du récit, est évident : en racontant les performances de l’âne savant, du chien savant ou du singe savant (ou en les leur faisant raconter, puisque le filtre de la première personne est privilégié), l’écrivain réfléchit sur ce qu’il est train de faire, sur son art d’amuser et d’interroger en même temps le lecteur.
Téléchargez la conférence prononcée à l’occasion des Journées d’études Fictions animales de Nantes Université (26-28 janv. 2022)